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50ème anniversaire du cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie

Publié le par Talant Avenir

Talant, le 19 mars 2012

 

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

 

Le 19 mars 1962 était signé le cessez-le-feu, les accords d’Evian, vous direz les uns et les autres comme vous voudrez et mon propos ne s’en soucie guère, pas plus qu’il ne se soucie de toutes les exégèses de ces documents signés entre gouvernements officiels ou officieux, entre les parties au conflit pour rester plus généraliste, car le plus important n’est pas là.

 

Le plus important est dans la situation nouvelle qu’il créait. Mettant fin à la guerre d’Algérie, il mettait fin à l’histoire coloniale de la France et à l’engagement de notre armée, de vous –les soldats de cette époque- au combat.

 

Là encore discuter des évènements ou de la guerre peu importe, la Paix enfin était revenue que depuis 1939 la France n’avait pas connue : la 2ème guerre mondiale combien douloureuse puis les guerres de l’extrême Orient, Corée, Indochine et enfin l’Algérie. Dans certaines, l’enjeu était déjà la rivalité entre l’Est et l’Ouest, la Russie Soviétique et les Alliés occidentaux ; dans les autres, il s’agissait surtout de l’impraticable désengagement de la France de l’époque coloniale. Tous les autres pays, dont l’Angleterre, s’en étaient retirés et même dans bien des cas la France aussi de manière beaucoup moins pénible, beaucoup moins meurtrière. Les relations avec les pays d’où l’on est parti tranquillement ont permis d’organiser l’avenir et de nombreux développements. Avec les autres, elles sont restées tellement bloquées ! Mais enfin la paix était revenue et militairement l’armée française et les soldats français pouvaient garder la tête haute. Les politiciens, c’est autre chose. Ceux de la 4ème République, que l’on a revu encore si longtemps après, en effet c’est autre chose. La personnalité du Général de Gaulle a permis de surmonter l’épreuve, d’assumer le changement de cap, de cristalliser une confiance populaire indispensable et si facilement dispersée.

 

L’autre aspect important, c’était l’étape indispensable au retour de la Paix, à la fin des morts, au règne de la vie civile ; dans le même temps, la guerre s’est « bunkerisée » avec la guerre froide et l’équilibre de la terreur.

Les choses sont en train de changer mais cet état nous a mis aux portes de 50 ans de Paix ininterrompue. La période paisible précédente remonte à 1871 : 1871-1914. Après, l’Europe s’est suicidée. Le record si l’on peut dire est battu mais rien n’est acquis.

 

En tout cas, avec vos paquetages, vous avez ramené ici la Paix, la vraie : c’est-à-dire quand il n’y a pas de guerre même si depuis la France a participé à maints conflits et participe encore aujourd’hui, souvent efficacement. Il est de bon ton de dénoncer la France Afrique. Pour être honnête, on devrait aussi évoquer le rôle équilibrant joué dans ces pays : en d’autres temps, on en a même fait un film. Aujourd’hui, il n’est pas politiquement correct d’en parler !

 

Vous avez retrouvé vos familles. On savait que les frères plus jeunes, les voisins en âge ne partiraient pas. On ressentait qu’on allait enfin mettre notre énergie au service d’autre chose et il est vrai que les années qui suivirent ont permis un grand développement économique. Les générations suivantes n’ont plus connu jusqu’à maintenant l’inquiétude de ces temps-là. Nous recevions samedi dernier nos jumeaux allemands. Tout le monde ressent le besoin de faire perdurer dans des temps difficiles les acquis de relations chaleureuses entre pays voisins aux sorts évidemment liés. Tout cela a été possible car vous avez fait ce qui devait l’être en ce temps –vous n’avez pas déserté- puis vous avez fait au retour ce qui était nécessaire, reconstruisant les bases d’un pays ébranlé. La tâche n’est pas finie, elle est perpétuelle, elle n’aura d’utilité réelle que si elle continue et vous avez votre rôle à jouer pour que ce que je dis aujourd’hui soit encore audible demain, c’est-à-dire que le fil de la mémoire ne soit pas rompu.

 

Evènements oubliés, amnésie organisée, enseignements lacunaires, autant de risques de troubles de mémoire.

 

La mémoire n’est pas le culte du passé. Il n’y a pas à idéaliser ceci ou cela. Le bon vieux temps n’existe pas mais le présent est en ces jours difficiles et un futur obscur à nos yeux est à préparer.

 

La dernière génération du feu, comme l’on dit, a une obligation particulière. Notre devoir est de vous aider, pour la France, à y satisfaire.

 

Nous vous remercions de ce que vous représentez et vous assurons de notre entier soutien.

 

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